Cette association est née dans un centre social, au printemps 2005 après une exposition de photos intitulée « Quartier sans cible » et réalisée dans le quartier de Beutre, à Mérignac, près de Bordeaux. Un blog a rapidement vu le jour avec pour toile de fond la profonde méfiance des habitants vis-à-vis des médias, et de leur regard sur les quartiers. Quartier sans cible révèle les potentialités de l’outil Internet pour sensibiliser des populations lointaines, et créer une proximité, une unité de vue entre elles, amorce de la création d’une communauté de destin…

La revue de presse concentrée sur la question des banlieues est devenue la marque de fabrique de ce blog : il s'agit d'une sélection d’articles, de vidéos, d’interviews trouvées sur d’autres médias. Cette rubrique est désormais alimentée une à plusieurs fois par mois. Pascal Dubernet, le responsable du site et ancien directeur du Centre social de Beutre, avoue avoir été « agréablement surpris » par la fréquentation du blog et ce, dès son lancement. « Nos ambitions sont assez modestes au départ, on n’a pas vu venir le fait que ce blog allait être fréquenté de façon exponentielle. On a plusieurs milliers de visites par semaine, alors que c’est artisanal au départ. C’est le site qui nous amené beaucoup, beaucoup, de contacts. Et nous a permis de mettre des choses en place, des forums. Ca nous permet aussi d’être un intermédiaire pour accompagner des projets de jeunes qui nous paraissent intéressants. » Ce blog a enfin occasionné la rencontre avec d’autres publics que ceux visés au départ, « à l’exemple de la formation sur les banlieues avec la police ». Aujourd'hui, le site s'apprête à changer de visage. Pascal Dubernet a l'impression « d'avoir fait le tour du blog ». Il a pour projet de monter une « mini-rédaction » avec des jeunes issus de l'IUT de Journalisme de Bordeaux pour ensuite, pourquoi pas, lancer une web TV. Tout cela dépendra évidemment des subventions. Tel un retour à la base, un autre projet cuit à feu doux dans l'esprit de Pascal Dubernet : une exposition de portraits d'habitants dans des postures décalées, au plus près des clichés véhiculés par certains medias. Cette expo devrait  être intitulée : « Ne dîtes pas à ma mère que je suis un jeune de quartier, je suis un enfant de la République ».