POTE À POTE

Paris (75)

Un magazine des quartiers conçu par les acteurs des quartiers. Pote à Pote n’a pas dérogé à sa ligne éditoriale depuis sa création en 1995, à l’occasion des Etats généraux des quartiers. Même si sur la forme, il a évolué, passant de mensuel à trimestriel, et du magazine généraliste à la publication militante. Il reste avant tout le support médiatique de la Fédération Nationale des Maisons des Potes, née dans la mouvance de SOS racisme, en vue de créer un outil de liaison de maisons de quartier implantées en banlieue, et un porte-parole médiatique pour les banlieues.
Conçu par des acteurs associatifs pour fédérer les énergies existantes dans les quartiers et leur apporter une visibilité médiatique, Pote à Pote continue d’être composé en majorité par des hommes et des femmes du terrain. « On fait de plus en plus appel aux auteurs, écrivains, des quartiers que l’on rencontre sur le terrain qui relayent l’équipe de base qui n’a pas forcement le temps d’aller sur le terrain", insiste Dolpi, membre de la rédaction de Pote à Pote. Avec une liberté de ton, un engagement clair, qui est celui de la Fédération dont le magazine reste dépendant. « Il n’existe pas de volonté de le détacher. Pas pour des raisons économiques mais idéologiques. Pour rester connecté avec les quartiers. »
Bon nombre de personnalités ont été « vues » pour la première fois dans les colonnes de Pote à Pote (Yasmina Benguigui, Abd Al Malik, Pascal Blanchard, Aïssa Maïga, Yazid Kherfi…), dès la fin des années 80. Beaucoup de jeunes de ces quartiers poussent alors la porte du journal pour y contribuer. Ils sont associés aux tables-rondes mensuelles qui ont lieu avec des acteurs des quartiers et des personnalités publiques. Tables-rondes qui sont retranscrites dans le journal. Pote à Pote est alors un des lieux de croisement des milieux sociaux, et d’expression des habitants de banlieue notamment. Parole libre, ligne éditoriale libre, espace de formation de jeunes rédacteurs en herbe, lieu de confrontation à un grand nombre d’expériences d’action sociale dans les quartiers, qui permettent à ces acteurs de participer au contenu, avec un regard unique : celui du participant qui conte son expérience, vue « de l’intérieur », et non du journaliste qui l’observe furtivement. Après plusieurs mues du journal au cours des années, le responsable de la publication depuis 2008, Samuel Thomas, ex vice-Président de SOS Racisme, recentre le magazine sur la lutte contre les discriminations, et porte un regard particulièrement critique sur la façon dont est mise en avant la “diversité ethnique”.
De mensuel, le magazine est passé trimestriel. « On est moins dans l’urgence qu’un quotidien. On peut anticiper de plus en plus sur ce qui va arriver", assure Dolpi.  De même, l’équipe rédactionnelle semble enfin se fixer. « On a de moins en moins de turn-over, du coup on est plus solide. » La maquette, enfin, a changé, à plusieurs reprises, tout comme le site web, véritable outil de transition entre les associations de la Fédération et le magazine,  permet de palier au décalage avec l’actu dû à la périodicité trimestrielle.
Reste, principale limite, sa diffusion, restreinte. « On tire à 10 000 exemplaires par numéro, distribués dans les maisons de quartier de la Fédération, dans les MJC, les BIJ, etc. mais pas encore dans les kiosques. » Un partenariat avec quelques kiosques est en cours de négociation.