A Bobigny, une manif des banlieues contre le terrorisme

Quelques membres du collectif Pas sans nous. Photo : Sehli / Ac Lefeu
Le 14-01-2015
Par Farid Mebarki

Sur le parvis de la Préfecture de la Seine-Saint-Denis à Bobigny, à l’appel du collectif national Pas sans Nous, plus d’une cinquantaine de personnes s’est rassemblée pour dénoncer les attentats de la semaine passée et montrer qu’au-delà des périphériques, l’indignation est grande.

 

Parmi les présents qui ont fait le déplacement, la secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, Myriam El Khomry, plusieurs élus comme le maire de Bobigny, de Clichy-sous-Bois ou encore de Sevran. Et, inévitablement, des acteurs associatifs venus de l’Ile-de-France. Après la grande mobilisation nationale de dimanche, il était difficile de rééditer l’élan un lundi soir en banlieue et de remplir l’esplanade Jean Moulin. La bouche de métro à proximité, permettra d’attirer quelques curieux ; une vingtaine guère plus. Les grands immeubles qui surplombent les lieux écrasent un peu plus les manifestants, seule une octogénaire aura fait le déplacement pour marquer sa solidarité.



Risques d’une désignation arbitraire des banlieues


Un groupe de la jeunesse communiste également sur place, offre des tracts aux manifestants qui les demandent. Disciplinés et silencieux regroupés devant une estrade montée pour la circonstance, ces derniers attendent une déclaration. Beaucoup n’ont pas été à Paris mais ont manifesté localement, notamment à Livry-Gargan pour l’hommage au policier abattu par les terroristes. Quelques échanges s’improvisent ; la crainte des amalgames et de la désignation arbitraire des banlieues est forte. Pour plusieurs anonymes fatigués et à la fois résignés, la curée a déjà commencé. Tous serrent les dents.



Infatigable Mechmache


Infatigable, Mohamed Mechmache figure de proue du collectif Pas Sans Nous et président de l’association AC Le Feu, prend la parole. Après avoir rendu hommage aux victimes et condamné l’horreur des trois attentats, il annonce la couleur : la banlieue ne doit pas devenir un réservoir de coupables après chaque crise. Derrière une bannière où sont inscrit "stop à la violence", "stop aux extrémismes de tous bords", l’orateur met en garde contre tous les amalgames qui vont désigner des boucs émissaires et libérer un peu plus une parole incendiaire. Il égrène quelques uns des défis qui désormais doivent réunir comme l’éducation, le chômage des jeunes et cette discrimination qui n’est pas uniquement à l’embauche ou au logement mais aussi inséparable des diatribes politiques ou médiatiques à l’adresse, des banlieues, de l’islam ou des jeunes.
 
D’autres responsables associatifs prendront la parole pour dire leur effroi et leur crainte de voir les écarts se creuser et la haine remplir le vide. Mohamed Mechmache rappellera que la journée de dimanche a fait du bien à tous ceux qui ont des doutes, et d’affirmer qu’il grand temps qu’il y ait une plus grande réciprocité entre la République et ses périphéries. Rêves de France un soir d’hiver en banlieue ? Derrière lui, impassibles, trois drapeaux tricolores tentent de se gonfler au gré du vent. Les symboles peinent à être au rendez-vous.
 
 

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