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Banlieues Créatives : un site Internet pour valoriser les quartiers

10 000 euros ! C'est la somme qui doit être levée avant le 27 février 2013 pour donner vie au site Banlieues Créatives. Cette plate-forme numérique a pour ambition de mettre en avant la richesse des quartiers. Tout un programme...
Pour Banlieues Créatives, tout commence en 2006 avec la publication du livre du même nom
Pour réussir à lever cette coquette somme, Banlieues créatives a fait appel au site Kiss Kiss Bank Bank, plate-forme de crowdfunding (comprenez financement participatif), qui a pour objectif de donner naissance à des projets innovants grâce au grand public pour contribuer à son financement.
Pour Banlieues Créatives, tout commence en 2006 avec la publication du livre du même nom de la journaliste Anne Dhoquois. Sorti un an après les émeutes de 2005, ce livre mettait en avant le dynamisme des banlieues en listant 150 actions associatives. « En parlant de ce livre avec les gens, j'ai pu me rendre compte que le désir exprimé par les acteurs de terrain était d'avoir une suite, une mise à jour », nous confie l'auteure. Parmi ces acteurs de terrain, Marcela Perez (association Permis de vivre la ville) avait adoré le livre. Les deux femmes sont entrées en contact et travaillent ensemble depuis un an à un prolongement du livre sous la forme d'un projet de plate-forme numérique.
Donner du sens
La réussite des « banlieusards », aussi bien dans le monde du spectacle que dans la création d'entreprise, n'est plus à prouver. Mais concernant le site, Anne Dhoquois s’appuie sur l'expérience de son livre : « J'ai pu constater que beaucoup d'actions meurent faute de visibilité et de sens. Bien souvent ces actions sont montrées de façon très disparate par les média. Ca reste très caricatural, ça ne va pas plus loin. Il faut leur donner du sens. Montrer que la société civile constate ces problèmes et essaie de les résoudre ». Elle pour suit : « Le monde associatif est en souffrance. Malheureusement il y a un grand décalage entre l'importance des associations et les moyens qui leur sont donnés. » La journaliste confesse volontiers que dans son livre, il n'y avait pas nécessairement de lien entre les différentes associations. Un défaut qui sera corrigé sur la version web.
dans les associations, on ne prend pas forcément le temps d'échanger avec les confrères parce qu'on ne l'a pas, on est dans une logique de survie.
Rencontres et échanges
Par le biais de textes, de reportages vidéo et photo, Banlieues créatives présentera des actions portées par les associations. Les actions seront sélectionnées sur des critères de « pertinence, d'impact et de participation des habitants ». Anne Dhoquois place la barre assez haut : « Il faut élever le débat vers des valeurs plus sociétales. Favoriser les rencontres, les échanges. Il est vrai que dans les associations, on ne prend pas forcément le temps d'échanger avec les confrères parce qu'on ne l'a pas, on est dans une logique de survie. » La journaliste poursuit : « Il faut créer de la réflexion et du dialogue. On pourrait très bien imaginer une discussion entre Didier Lapeyronnie (auteur de plusieurs ouvrages sur la banlieue et professeur de sociologie à la Sorbonne) et un jeune de banlieue, ça ferait avancer le débat. Ce qu'il manque c'est un regard juste et complexe sur la banlieue. »
Faire émerger des talents
L'objectif premier de Banlieues créatives sera de mettre en avant cette créativité mais également de faire émerger des talents. Ce qui passe aussi par les rencontres, comme lors de la soirée de soutien au site organisée au Comptoir général à Paris : « Il y avait un grand écart entre les jeunes de Bois sauvage à Evry et les bobos parisiens. C'est le genre de rencontre que l'on cherchait à provoquer ; d'ailleurs nous referons ce type de soirée », relate Anne Dhoquois. Des rencontres improbables dans la vie mais plus faciles dans le virtuel, sur le futur site, espère cette dernière : « Par exemple, un jeune qui cliquerait sur notre adresse pour voir un clip pourrait en ressortir en ayant vu un sujet sur une association qu'il ne connaissait pas. Et le contraire est vrai aussi, un associatif pourrait tomber sur le clip d'un jeune artiste qu'il pourrait aider d'une manière ou d'une autre. On veut créer de l'interactivité. »
Cette collecte citoyenne signifie que, peut-être, 200 personnes veulent de ce projet. Par rapport aux pouvoirs publics, ça donne une sacrée force !
Collecte citoyenne
Pourquoi avoir lancé ce projet sur le site Kiss Kiss Bank Bank ? Anne Dhoquois précise que des demandes de subventions ont été faites mais ce n'était pas suffisant. Pour créer le site, il a fallu rémunérer des graphistes, des développeurs... dont la plupart sont issus de Tremplin numérique, un chantier d'insertion de jeunes par le numérique. Mais la démarche de faire appel à des contributeurs via Kiss Kiss Bank Bank a été faite pour d'autres raisons : « Au-delà du besoin financier qui est réel, c'est une valorisation de la société civile. Cette collecte citoyenne signifie que, peut-être, 200 personnes veulent de ce projet. Les proches évidemment mais il y a des gens qui commencent à donner qu'on ne connaît pas. De plus, par rapport aux pouvoirs publics, ça donne une sacrée force ! »
10 000 euros... ou pas.
Plus que 68 jours pour atteindre l'objectif de 10 000 euros de contributions. Jusqu'ici l'affaire semble bien partie : « En moins de trois semaines nous avons récolté près du tiers de la somme. Mais 1300 euros viennent de la soirée du Comptoir général et la période de Noël sera plus calme... C'est un immense challenge ! » Le système de goodies pour les contributeurs de Kiss Kiss Bank Bank est un « plus produit » non négligeable pour l'obtention de la somme espérée. T-shirts, master-class, dîners ou un automate rappant (en anglais...) et dansant, autant d'objets que pourront obtenir les généreux donateurs pour un apport entre 1 et 1000 euros. Même si l'échec n'est pas une option, Anne Dhoquois tente de l'envisager : « Si ça ne marche pas, les perspectives d'ouvrir le site début 2013 seraient fortement compromises. Ce serait un coup dans l'aile. La plate-forme parlera mieux avec du contenu, pour lequel nous avons besoin de cet argent. Quoiqu'il arrive le projet ne sera pas mort ! »
En cette période de fêtes, espérons pour Banlieues Créatives que le Père Noël ne sera pas le seul à faire des cadeaux par milliers...
Charly Célinain