François Lamy : l’égalité dans les quartiers, c’est maintenant ?

Le 15-11-2012
Par Erwan Ruty

C’était en tous cas ce que voulait croire la Fédération des maisons des potes, les 5 et 6 octobre derniers. Plusieurs débats très chargés en intervenants, un public national. Pari réussi pour une vieille fédération d’associations de banlieue.

Fédération qui avait invité le ministre de la ville, François Lamy, samedi matin tôt, devant une petite centaine membres d’associations de France et de Navarre. Un ministre sans langue de bois, voire droit dans ses bottes, vis-à-vis des combats historiques de la mouvance des potes, comme celui des droits à accorder aux étrangers. Ainsi, sur l’ouverture des emplois fermés aux étrangers, dans la fonction publique notamment (soit près de 5 millions de postes), « une manière pour l’Etat de s’engager sans beaucoup de moyens », selon Samuel Thomas, président de la Fédération de la maison des potes, le ministre assumera : « Ma priorité, ce n’est pas l’ouverture des emplois publics aux étrangers, mais plutôt la résorption du chômage par les emplois marchands ».

Avec la future Banque publique d’investissement, il y aura une stratégie particulière sur les quartiers

« Il faut recréer des filières »

Mais d’insister quand même, pour ne pas laisser l’auditoire sur sa faim : « Avec les emplois d’avenir, c’est la première fois qu’on territorialise les emplois. Quand à l’emploi dans l’Education nationale, oui, mais le changement des programmes et des valeurs me semble aussi important : il y aune perte de repères qui a pu mener au drame de Grenoble…» [au cours duquel, dans le quartier de la Villeneuve, le 28 septembre, deux jeunes habitants avaient été passés à tabac et tués par une bande de jeunes d’un autre quartier, NDLR]. Sur l’emploi, toujours, l’ancien directeur de la communauté d’agglomération du Plateau de Saclay, dans l’Essonne, précise : « Le CD Rom, l’écran plasma ont été inventés à Saclay, mais c’est produit à l’étranger : il faut recréer des filières, ça prendra du temps. Avec la future Banque publique d’investissement, il y aura une stratégie particulière sur les quartiers, on travaille sur la manière de créer cette spécificité avec Jean-Pierre Jouyet [Directeur de la BPI, ndlr] ».

 Le budget de l’Acsé a baissé de plus de 30% en 2011

Scepticisme des associations de quartier

Mais le scepticisme demeure. Ahmed Serraj, du Boulevard des Potes de Bordeaux, en témoigne : « Le budget de l’Acsé [déjà très faible, 350 millions d’euros, NDLR] a baissé de plus de 30% en 2011. Si cela continue comme ça, les associations n’auront plus les moyens de travailler sur les discriminations, sur la politique de la ville. D’ailleurs, cette politique est-elle encore une politique républicaine, de droit commun ? » Pas de réponse directe. La présidente de cet organisme, Naïma Charaï a répondu pour lui, lors d’une intervention sur Périphéries, à France Inter le 4 novembre : c’est non ! Il n’y aura pas d’augmentation du budget de l’Acsé en 2013… Pas sûr que ça aille donc mieux à Marseille, dont une militante associative rappelle que 28% de ses habitants sont au chômage, et que 25% de ses jeunes sans qualification. Pas sûr non plus que ces jeunes de Saint-Brieuc, qui se plaignent qu’on les renvoie sans arrêt aux services jeunesse, et non à la culture, quand ils veulent des financements liés au rap, voient leurs plaintes être prises en compte, même avec la ré-orientation des CUCS promise par le ministre…

Devra-t-on, pour voir un peu de changement dans les quartiers, attendre la mission conduite par la maire de Sarcelles, François Puponi sur une remise à plat de la péréquation financière entre villes riches et pauvres, qui doit débuter ses travaux le 16 novembre ?

 

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