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Ecoles de journalisme : tentez votre chance aux concours !

Lancée voilà 6 ans, la Chance aux concours accompagne des étudiants boursiers aux concours des écoles de journalisme. Loin d'être une énième opérations paillettes, l'association poursuit son action loin du battage médiatique. Résultats à l'appui.
Démocratiser le journalisme, une priorité ? A voir la multiplication d'initiatives venues de la société civile, la réponse est oui. Lancée en 2007, par des anciens étudiants du Centre de formation des journalistes (CFJ), la chance aux concours propose de préparer des étudiants aux différents concours des écoles de journalisme. L'idée trouve rapidement un écho. En 2010, l'association La Chance aux concours, émanant de l'opération initiale, éclos. Engouement oblige. Une douzaine d'étudiants embarquent dans l'aventure en 2007.
Vingt quatre aujourd'hui. Public ciblé ? Les étudiants boursiers, exclusivement. "Nous sommes partis du constat que les écoles de journalisme ne sont absolument pas représentatives de la diversité en France", explique David Allais. Vu les critères de sélection, les étudiants proviennent essentiellement de territoires désargentés, dont la banlieue parisienne, certaines zones rurales et même certains quartiers de Paris.Un constat difficile à contester. En 2010, le CFJ ne comptait que 17 élèves boursiers ; à l'Ecole supérieure de journalisme (ESJ), 22 sur 136. 17% pour la première contre 22% pour la seconde. On est donc loin des objectifs promis par Valérie Pécresse, alors ministre de l'Education nationale.
Combler les lacunes du système
Face à l'inertie ou à l'impuissance des pouvoirs publics à changer, sensiblement, la donne, la mobilisation de certains professionnels de la presse commence à porter ses fruits. Depuis 6 ans, la Chance aux concours a, ainsi, vu 54 étudiants soutenus par l'association rejoindre les bancs du clan très fermé des écoles de journalisme, reconnues par l'Etat. 20 ont, quant à eux, suivi avec succès un master ou un apprentissage en journalisme. Chiffre concret, également, le nombre de journalistes en poste: 27. Tous sont passés par la prépa de l'association. "Le Figaro, France télévisions ou des boîtes de production, ces journalistes travaillent désormais pour des médias variés", constate David Allais.
Des soutiens crédibles
Une formule qui fonctionne, donc. Côté programme, la Chance aux concours décline son programme tous les samedi après-midi. S'ajoutent à cela des cours d'anglais, un soir par semaine, et des épreuves blanches. Les cours sont dispensés par les bénévoles du réseau. Parmi eux, Aline Richard, directrice de la rédaction de La recherche, Dominique Vidal, du Monde diplomatique. Au total, 150 bénévoles consacrent, un peu à tour de rôle, du temps à ce projet citoyen. La Chance aux concours s'est aussi attiré les parrainages de journalistes reconnus, comme Pascal Riché, de Rue 89, Paul Amar, Patrick Poivre d'Arvor ou encore David Pujadas. Intérêt de s'entourer de professionnels bien installés dans la profession, outre la dimension « crédibilité », la possibilité de trouver des stages pour ces étudiants.
Reconnaissance publique
Le travail de la Chance aux concours s'appuie sur une vraie démarche de fond. Mieux, ces bénévoles vont à contre-courant : "Nous ne recherchons pas de critères d'excellence. On part du principe que l'on peut être nul à la fac hyper débrouillard", précise David Allais. "D'ailleurs, dans notre recrutement, nous avons eu de bonnes surprises. Ces étudiants, en plus d'être motivés, montrent une grande capacité d'adaptation. Quand ils se retrouvent à niveau égal, ils sont au top", renchérit-il. Une capacité à déceler et accompagner des profils passés, jusqu'ici, entre les mailles du filet éducatif. Pas étonnant que les subventions se multiplient. Vivendi mais aussi aides publiques dont celles de la mairie de Paris ou de la Région Ile-de-France permettent, désormais, à La Chance aux concours d'avancer tranquillement dans son combat : ouvrir les rédactions à la réalité de notre pays. Partie d'une idée d'anciens élèves, l'association prévoit, aujourd'hui, un budget de 50 000 euros.
Nadia Henni-Moulaï