
Camille Bedin (UMP) : « Nicolas Sarkozy va renouer le lien avec les quartiers populaires. »

3 questions à Camille Bedin, Secrétaire nationale de l’UMP en charge de l’Egalité des chances
Lors du speed dating, la salle a largement manifesté son mécontentement suite à vos propos. Faut-il y voir un mauvais signe pour Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle?
Non, je ne pense pas du tout ! Vous savez, j'étais à Nanterre (Hauts-de-Seine) pour un débat autour de mon livre (1) avec l'association de quartier Zy'va. Croyez moi, j'y ai été bien accueille, nous avons pu discuter sereinement de la question de l'école, notamment.
Justement, dans les quartiers populaires, 150000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme. En tant que secrétaire nationale chargée de l'égalité des chances à l'UMP, que proposez vous qui n'ait déjà été mené ?
Je suis très investie sur le terrain associatif. Je travaille avec deux associations. Je suis en lien avec six lycées classés en ZEP. Et je constate que pas un seul n’a un besoin identique. Le lycée Joliot Curie par exemple à Nanterre est classé avant-dernier de l'académie. En 2011, le taux de réussite au bac est de 20 points inférieurs à la moyenne nationale. A contrario, le lycée ZEP de Sainte Geneviève-des-bois (Essonne) obtient de meilleurs résultats. Ils n'ont donc pas besoin des mêmes crédits. Je propose, également, de s'appuyer sur les professeurs.
Oui sauf qu'ils sont eux même dépassés…
Vous avez raison mais je pense qu'il faut repenser leur cadre de travail. Il faut faire en sorte qu'ils se sentent à l'aise. Ce n'est pas seulement une question d'argent.
Certains dénoncent le manque de mixité du corps professoral. La discrimination positive pourrait être un moyen d'instiller de la diversité comme en politique ?
Je ne pense pas que ce soit une solution. D'ailleurs, cela n'a pas vraiment marché pour les femmes. J'ai pu le constater au moment de la composition du bureau national des Jeunes populaires. Nous n'avons pas trouvé une seule militante pour prendre des fonctions. En politique, on n'investit pas un candidat parce qu'il est d'une minorité.
Et le plafond de verre, il est bien réel pourtant…
Je n'y crois pas tellement. Selon moi, c'est la question du manque de préparation de militants issus de la diversité dans les partis qui se pose. Je propose du coaching comme le mediatraining, par exemple, pour former ces militants à la pratique politique.
Vous paraissez pleine de bonnes intentions. Sauf que Nicolas Sarkozy sort d'un mandat marqué par le Plan banlieue et les diverses polémiques à l'adresse des Français musulmans. Est il encore crédible pour parler aux quartiers?
Je pense sincèrement que sur le plan des valeurs, c'est-à-dire du travail et du mérite, il est le meilleur pour parler aux habitants de banlieue. Et puis les éléments de bilan plaident en sa faveur : les Cordées de la réussite, les prépa égalités de chances… s'il va dans les quartiers, son message passera. J'en suis convaincue !
Si vous n'êtes pas au pouvoir, comment vous emparerez-vous de ces questions, concrètement ?
C'est très simple, je continuerai à fond sur le terrain de ma ville, Nanterre. Il faut avoir un pied un peu partout. Avec les deux associations que j'ai fondées : Ambition campus et Les pépites, je compte bien faire remonter les expériences de terrain. Si l'on n’est pas au pouvoir, je ne l'envisage même pas d'ailleurs, l'UMP continuera de faire avancer le débat sur la question de l'égalité des chances !
Quel est votre rapport personnel aux quartiers ?
Je constate que l'école est le sujet qui préoccupe le plus les parents. A Nanterre, où je réside, une maman m'a exprimée son inquiétude. Elle craignait pour ses enfants, me répétant à plusieurs reprises "que vont devenir mes enfants s'ils échouent à l'école ?" C'est une réaction qui m'a marquée.
Propos recueillis par Nadia Henni-Moulaï
(1) "Pourquoi les banlieues sont de droite", Camille Bedin, Plon, 2012