
Enfin, des banlieues… dans le IVème arrondissement de Paris !

Le collectif ACLEFEU (Association Collectif Liberté, Egalité, Fraternité, Ensemble, Unis) qui s’est constitué en 2005 au lendemain de la mort de Zied Bena et Bouna Traore à Clichy-sous-Bois (Seine Saint-Denis) occupe pacifiquement depuis le 21 février, un hôtel particulier dans le Marais, rebaptisé pour l’occasion, « Ministère de la crise des banlieues ».
« Tous les QG de campagne sont à Paris, on a décidé de traverser le périphérique pour eux », affirme Mohamed Mechmache (en oubliant que le siège du Front de gauche se trouve aux Lilas, en Seine-Saint-Denis, ou celui du NPA à Montreuil – certes, on est loin de l’avenue de Ségur, Paris VIIème arrondissement pour le PS). En tous cas, il s’agit là d’une manière d’interpeller l’ensemble des candidats à la présidentielle sur la question des banlieues. Ces derniers sont invités à venir prendre connaissance d’une vingtaine de propositions concrètes sur l’emploi, le logement, l’éducation, la santé, la sécurité publique et la citoyenneté…
Laborieux « Grenelle des quartiers »
« Nous avons constaté qu’hormis une cascade de mesures répressives et/ou restrictives, les territoires les plus démunis, les banlieues n’ont pas été pris en compte ni n’apparaissent clairement dans la projection des politiques gouvernementales à venir et ce quelles qu’elles soient ! », explique le collectif dans le document distribué aux nombreux journalistes présents. Car hormis le PS qui tente laborieusement de lancer un « Grenelle des quartiers », force est de constater que le sujet mobilise davantage les journalistes que les candidats à l’élection présidentielle.
« Puisque les candidats ne passent pas le périphérique pour venir nous voir, c’est la banlieue qui vient à eux. On est ici dans leurs quartiers, si la question les intéresse, qu’ils viennent, on les attend, on a des propositions (…) Partis de gauche ou de droite notre porte est ouverte, on vous attend », déclare Mohamed Mechmache, le président d’ACLEFEU, pendant la conférence de presse….
Contre la « Gauche Nouvel Obs »
Pour formuler cette vingtaine de propositions, l’association s’est appuyée sur un « cahier de doléances ». A l’instar de ceux rédigés pour les Etats Généraux de 1789, ils se sont attachés à recueillir la parole confisquée des habitants des quartiers populaires. « L’Histoire semble se répéter. Aujourd’hui comme hier, la notion centrale de la Révolution est clairement perceptible dans ces cahiers : l’Egalité. »
Logiquement, les habitants se sont exprimés en masse autour des thématiques qui leur tiennent à cœur : l’emploi, le logement, l’éducation, la santé, la sécurité publique et la citoyenneté.
« Il y a huit millions d’habitants dans ces quartiers. Il y a des gens qui y vivent dans des conditions insalubres. Pourquoi faut-il attendre que les banlieues brûlent pour qu’on s’intéresse à tous ces gens? », harangue Mohamed Mechmache. A la tribune une partie de l’équipe du collectif et François Durpaire, historien, spécialiste des questions de diversité qui fustige le manque de traitement de la question des quartiers populaires par la Gauche, « une gauche Nouvel Obs, une gauche de plus de cinquante ans qui s’adresse aux centres-villes. »
Si l’occupation de l’hôtel est seulement prévue pour deux jours, le collectif a déjà programmé un tour de France du 16 au 25 mars, dans une vingtaine de villes, avec ces propositions et une pétition pour qu'enfin la question des banlieues soit prise en compte.
Nadia Hathroubi-Safsaf