1ère Université des banlieues et de la communication: synthèse

Le 16-12-2011
Par xadmin

Une université populaire

La politique de la ville a longtemps appelé à la « participation des habitants ». Terme quelque peu technocratique qui dans l’esprit de bien des élus et des préfets, se résume à l’acceptation par les banlieusards, si possible le sourire aux lèvres, des décisions prises pour leur bien au nom de l’intérêt général. Rares sont les banlieues où les habitants ont été sollicités pour imposer leur expertise et leur volonté aux politiques locales de développement. On leur préfère encore trop souvent les rapports de consultants et les consultations alibis. La République s’est construite contre les particularismes et les corps intermédiaires, et elle peine à envisager une action publique incluant les aspirations d’habitants ou d’associations vues comme autant de contre-pouvoirs.

Cette situation n’est certainement pas étrangère aux taux d’absentéisme, records dans les quartiers populaires, et à la relégation qui frappe tous les mouvements qui tentent d’organiser la parole des habitants et de l’imposer dans le meccano démocratique. Une double peine n’offrant comme alternatives que les plans imposés par le haut et les appels frénétiques au renforcement de l’autorité publique. De la ressource locale ou de la « capacitation » citoyenne il n’est pas question. Même si de ce coté de l’Atlantique on découvre les pratiques d’un Saul Alinsky et les réflexions d’un Jacques Donzelot, demeure encore un plafond de verre étouffant la prise en considération des habitants des banlieues en dehors des périodes électorales.

Certains acteurs n’ont que trop bien compris ce verrouillage au point d’entrer par effraction dans le jeu politique en braquant au besoin la sphère médiatique. Qu’ils se nomment les Indivisibles, Jeudi noir, Journée sans immigrés et qu’ils utilisent la dérision, l’humour le street-marketing, l’image ou les réseaux sociaux, ils constituent autant de savoir-faire militants pour faire passer de l’ombre à la lumière des injustices, des combats, des cultures ou des initiatives qui, si elles devaient suivre la règle du jeu, se fracasseraient sur ce plafond de verre. En voulant mordicus toucher les grands médias ou en interpellant directement les habitants de ce pays, certaines initiatives s’affranchissent des filtres, des obstacles et des pesanteurs pour immédiatement s’imposer au débat public qu’il soit local ou national. Coups d’accélérateur mais aussi coups de projecteur qui apportent respirations à la démocratie et sursauts à un système médiatique obligé de sortir de sa routine.

En organisant une journée d’échanges et de témoignages entre acteurs des quartiers populaires (associations, médias alternatifs, praticiens de la politique de la ville, élus) et porteurs d’initiatives citoyennes et culturelles ayant réussit à sortir de l’ombre, Presse & Cité a voulu aguerrir les forces vives des quartiers populaires à la communication politique afin qu’un autre récit des banlieues puisse s’imposer dans le débat public. Merci aux intervenants et aux participants pour la qualité des échanges et l’intensité des discussions. Discussions qui, nous l’espérons, continueront au-delà de cette première Université des banlieues et de la communication et enrichiront les actions des acteurs de terrain. C’est dans cet esprit que ce mémo a été conçu : faire que cette rencontre et que les pratiques repérées soient virales !

Farid Mebarki, président de Presse & Cité

 

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