Avant Cannes, les banlieues aussi font leur cinéma

Le 09-05-2012
Par xadmin

Luc Besson a été le plus réputé des cinéastes à s’intéresser aux banlieues en y organisant ses «Cannes en banlieue», en tournant ou finançant des films qui s’adressent à sa jeunesse comme à toute la jeunesse, et en décidant d’installer sa future cité du cinéma à Saint-Denis.

 

 


Pourtant, cette réalité « part le haut », ou « par l’extérieur », rejoint un engouement des quartiers populaires pour l’outil vidéo, qui ne s’est jamais démenti depuis la démocratisation du cinéma via le numérique, le web, les réseaux sociaux. La plupart des associations de quartier n’envisagent plus aucune de leurs actions sans une caméra, et sans mise en ligne directe de leurs travaux, qu’il s’agisse d’un travail d’éducation populaire, de formation, de militantisme… ou d’art !

Qu’il s’agisse des travaux autour des films réalisés par Juan Gélas et Pascal Blanchard, «Noirs de France», que nous avons projeté dans des écoles, associations de quartier, et foyer pour provoquer le débat, puis commenté avec Juan Gélas ; qu’il s’agisse des projets d’Usine à films de Michel Gondry à Aubervilliers ; qu’il s’agisse d’une arme de dissuasion anti-coloniale avec l’un des apôtres du militantisme cinématographique, René Vautier ; qu’il s’agisse de festivals de cinéma urbain de Rstyle, avec Urban film Festival ; qu’il s’agisse de réflexions sur le Maghreb dans le cinéma français avec «Nouvelle vague» ; qu’il s’agisse de nouvelles figures de l’activisme vidéo à découvrir avec Paméla Diop pour le très décalé «Bref, je crois que je suis raciste» ; qu’ils s’agisse de l’émergence de nouveaux formats comme le webdocumentaire avec «Résidence de la République» coordonné par Ressources Urbaines et réalisé par Bruno Lorvao ; ou encore du renouveau de la critique de l’audiovisuel avec Les Indignés du PAF… aucun domaine de l’audiovisuel, ni aucun moyen de l’utiliser, n’échappe à l’engouement des quartiers !

Une évidente manière de s’emparer d’armes de conquête des imaginaires, dont cette France trop invisible a tant besoin pour justement être visible, selon ses propres mots, avec ses propres images.

 

Erwan Ruty

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