Sur la route de Bordeaux à Pau avec AC Lefeu

Le 26-03-2012
Par xadmin

Le collectif ACLEFEU est donc reparti pour un Tour de France, pour faire signer leur pétition de 23 propositions qui sera soumise aux candidats à la présidentielle le 14 avril prochain. Après un weekend dans la fraicheur du nord-ouest, la caravane ACLEFEU est de passage à Bordeaux et Pau. Nous les avons suivis. 

Mardi 20 mars. C’est à midi que le van ACLEFEU arrive sur le campus de l’université Bordeaux 2. Sur un coin de pelouse entre la cafétéria et les bâtiments de cours, où quelques étudiants sont assis dégustant leurs sandwichs, salades et autres gamelles, l'équipe a posé son camp. Malheureusement la sono qui servait à mettre de la musique pour attirer l’attention est à cours de batterie. Peu importe, les tables sont installées, les chaises dépliées, les pétitions bien en évidence, le travail peut commencer. 

Les préoccupations étudiantes

Bien aidés par un temps ensoleillé, les membres d'ACLEFEU réussissent à attirer beaucoup de monde. On peut également souligner que les étudiants sont très vite mis en confiance par des militants souriants et enthousiastes qui leur parlent en toute simplicité de problèmes de la vie quotidienne des étudiants comme : les difficultés pour se loger, le coût de la santé (soins, mutuelle) et bien sûr le chômage.

Fatima Hani, membre fondateur d'ACLEFEU m'a d'ailleurs confirmé que ce sont les points sur lesquels s'arrêtaient le plus les étudiants. Selon la population, les attentes ne sont pas les mêmes : dans le Nord où ils étaient ce weekend, le problème le plus récurrent était le chômage, les indemnités insuffisantes, le pouvoir d'achat...

Lors d’une conversation avec des étudiants, Fatima aborde le sujet du vote, et plus exactement de la reconnaissance du vote blanc comme étant un vrai vote de mécontentement. La citoyenneté est un véritable enjeu pour ACLEFEU.

La famille s’agrandit

L'équipe de militants d'ACLEFEU composée de Fatima Hani, Mehdi Bigaderne, membre fondateur et chauffeur attitré, ainsi que de Khadija, jeune militante de la première heure. En passant à Nantes, la troupe s'est agrandie de façon inattendue. Tarek, 37 ans, séduit par l’action d’ACLEFEU, s’est greffé au groupe pour aider et apporter sa pierre à l'édifice.

Après deux heures de signatures, les étudiants se font plus rares, la plupart retournent en cours après leur pause déjeuner, il est donc temps de lever le camp !

Direction le centre ville de Bordeaux pour ravitailler les troupes dans un fast food et se détendre un peu avant de retourner aux signatures. Dans le van, on s’ambiance avec de la variété des années 80, Michel Berger, Renaud… Ce sera également l'occasion d'aller chercher à la gare Nawufal. Ce jeune étudiant (22 ans) à Sciences Po, qui était présent au début du tour, avait dû retourner à Paris pour commencer un job. Finalement, la date de son premier jour de travail étant repoussée, il a décidé de rejoindre ses camarades pour leur prêter main forte. 

« Faire entendre votre voix »

16h. Cette fois c'est sur la place de la Victoire que les tables vont être dressées pour un festin de signatures. Comme sur le campus, l'équipe s'avère d'une efficacité redoutable. Même si les personnes qui signent sont jeunes (en majorité étudiants, lycéens), la population touchée est quand même plus variée. D'ailleurs les militants s'adaptent parfaitement à ce public. Si les étudiants prenaient le temps de lire, détailler, analyser les propositions avant de signer, les passants « lambda » se laissent plus aisément convaincre avec des approches plus directes du type : « Nous allons faire entendre votre voix aux candidats à la présidentielle ». Soudain, c’est toute une délégation tunisienne qui traverse la place : non loin de là avait lieu une commémoration de l’indépendance de la Tunisie (20 mars 1956). Nombre d’entre eux se sont laissés convaincre du bien fondé des propositions d’ACLEFEU. Autour des tables, les discussions naissent et s'animent. Khadija discute avec plusieurs personnes dont deux cinquantenaires qui pestaient contre le niveau du SMIC : « A l'époque on touchait 9000 balles (francs), presque 1500 euros, aujourd'hui le SMIC est à 1050 euros ! C'est pas normal ! ». Deux signataires de plus !

19h, il est temps de remballer. La caravane n’ira pas dans un quartier périphérique de Bordeaux, estimant qu’il est tout aussi important d’avoir une certaine diversité des signataires. Juste le temps de prendre quelque chose à manger pour le dîner, prendre des nouvelles de l'autre bus et c'est parti pour Pau. Là-bas, un autre militant, Mhemed, les attendra à 23h à la gare en provenance de Paris. Pendant le trajet, l'interrogation principale concernait le déplacement du surlendemain à Toulouse. Après les évènements tragiques du début de semaine, toute manifestation sur la voie publique risque d'être compliquée. Après un court arrêt sur l'aire de l'Adour à quelques kilomètres du but, l'équipe repart. Il est presque minuit quand le sextet arrive au Formule 1 de Pau, retardé par un GPS quelque peu récalcitrant. 

Pros de l’impro

Après une nuit réparatrice, l’équipe rassemblée autour du petit déjeuner suit l’arrestation du tueur de Toulouse à la radio. Un léger soulagement est perceptible. En apprenant la confession religieuse du tueur, un des membres de l’équipe soupire : « Encore un qui jette le discrédit sur toute une communauté… ». En fin de matinée, tout le monde part à l’assaut du centre ville de Pau. Comme à Bordeaux, cette année aucun contact avec une association locale. Il va falloir se débrouiller. Où aller ? Au parc des expositions, dans un quartier qu’ils avaient visité une année passée ? Après avoir tourné une heure pour trouver le spot où se cachaient les palois, l’équipe repère un coin du centre ville plutôt commerçant. Mais très vite c’est une véritable douche froide, au sens propre comme au figuré. 

Manque de Pau

13h30. Il pleut par intermittence. Sur cette place les passants ne semblent pas enclins à s’arrêter. Mais l’équipe ne se décourage pas et les invite à s’abriter sous le barnum…le temps de signer la pétition. La journée s’annonce plus compliquée que la veille. Comme à Bordeaux ce sont les jeunes, principalement lycéens et étudiants, qui s’arrêtent, prennent le temps de discuter et signent la pétition.

Fatima et Mehdi profitent d’un moment de répit pour jeter un œil sur les comptes et s’assurer qu’il reste assez pour rallier Montpellier. La pluie redoublant d’intensité, après deux heures de travail l’équipe décide de plier bagages. La récolte a été satisfaisante compte tenu du temps. Fatima nous confie qu’il est important d’instaurer une bonne ambiance pour éviter de se décourager quand les conditions sont un peu moins favorables comme à Pau.

A 16h, le van ACLEFEU met le cap sur Toulouse un peu plus tôt que prévu. Dans l’après-midi, il a été décidé, avec l'association locale Tactikollectif, de convier un grand nombre de personnes dans un local pour parler des propositions aux candidats à la présidentielle, faire signer des pétitions et s’exprimer sur les répercutions des actes du « tueur au scooter ». Une étape qui s’annonce spéciale et compliquée à gérer pour les membres du collectif.
 

CH Célinain

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