
Pour une « Fondation quartiers »

Comment financer un nouveau développement des banlieues populaires, pour les réintégrer dans le tissu économique français ? La solution se trouve peut-être chez ceux qui rêvent d’aider et financer ces quartiers, mais ne savent pas par où commencer. Un fond de dotation ad hoc, géré de manière paritaire, pourrait les y aider.
Des financeurs qui ne savent pas comment et où investir
Les financements publics ne profitent qu’indirectement à ceux qui en ont le plus besoin, et ils se font de plus en plus rares. Cet appel n’est donc pas un appel à de nouveaux financements publics, mais au mécénat privé. Or, le secteur privé ne sait pas toujours où investir, faute de relais identifiés dans les quartiers. Si bien que la philanthropie ne touche que difficilement les associations ou entrepreneurs de ces quartiers qui s’essaient à des projets d’envergure. Quant aux fonds souverains, comme celui du Qatar, ils peuvent semer le trouble. Et ne savent pas plus que les autres où trouver des interlocuteurs structurés dans les quartiers. Pourtant, un très grand nombre de français, parfois issus de ces mêmes quartiers, seraient prêts à aider. Parmi eux, un certain nombre d’entrepreneurs, d’artistes et de sportifs. Au-delà de traditionnelles actions de générosité, ceux qui en ont les moyens pourraient investir dans des projets de solidarité collectifs, socialement utiles. D’aucuns criaient naguère : « Taxez-nous ! » Nous souhaitons apporter une réponse à cet appel !
Constituer un fond de dotation pour drainer, flécher et accompagner les financements privés
Les pouvoirs publics pourraient faciliter la constitution d’un fond de dotation pour les quartiers, qui serait un organisme de collecte et de redistribution de fonds. Originalité : cet organisme pourrait être un fond de dotation paritaire, où siègeraient des associations travaillant sur les quartiers, qui oeuvrent sur le terrain tous les jours. Leur rôle consisterait à identifier les besoins. Par ailleurs, ce fond pourrait compter des représentants d’organismes publics comme l’ACSé ou la BPI ; et des fondations privées qui ont l’expertise, afin d’accompagner les projets. Ceux à fort impact social seraient éligibles, selon des modalités et des indicateurs à définir. Ainsi, ce fond pourrait être à la fois l’entonnoir par où transiteraient ces ressources ; l’organe qui analyserait où résident les besoins (innovation, entreprenariat environnementalement et socialement responsable…) ; et la matrice qui guide ces fonds.
Des quartiers laboratoire de la France de demain
Les quartiers ont un potentiel de créativité inouï. C’est là, dans le vivier des cultures urbaines, que bouillonne la culture populaire française du XXIè siècle. C’est là que les innovations sociales, économiques et institutionnelles se réalisent. C’est là, dans cette population jeune, que la France vieillissante aura besoin de puiser des ressources vives. C’est là aussi que s’esquisse une « mondialisation par le bas », capable de contrer une dérégulation financière impitoyable, en lui substituant une mondialisation à visage humain : via l’incroyable vigueur des échanges portés par les français issus des minorités, notamment avec les continents les plus dynamiques économiquement : l’Afrique et l’Asie.
Il faut relayer, auprès des décideurs, toutes ces initiatives qui viennent de la France du bas des tours. Aider ceux qui créent de l’activité, du lien social, qui diffusent une image plus juste de ces territoires. Il faut enfin replacer ces quartiers au centre de la société française, comme ils l’étaient jusque dans les années 70, avant l’effondrement de la société industrielle. C’est en ayant confiance en eux que nous ressouderons un pays guetté par le séparatisme social. La France étouffe. Or, justement, les quartiers ne manquent pas d’air.
C’est un appel à la mobilisation économique de ceux qui en ont les moyens que nous lançons, depuis les quartiers orphelins de Marianne. Depuis le bitume où nombre d’entre ces personnalités qui pourraient les aider ont justement fleuri. Mettons-nous autour de la table pour réfléchir à quoi pourrait ressembler ce fond, cette nouvelle « fondation quartiers ». On n’ose imaginer, si rien n’était rapidement fait, à quel point la situation pourrait dégénérer dans un pays fracturé, fatigué, craintif et irascible comme la France. Dans les banlieues, le besoin de changement économique, c’est tout de suite.
Premiers signataires : Jérôme Bouvier (président de Journalisme et citoyenneté), Rokhaya Diallo (journaliste), Yacine Djaziri (président de la Nouvelle PME), Saïd Hammouche (directeur de Mozaïk RH), Daniel Hierso (président d'Outre Mer Network), Laurence Lascary (directrice de la société de production DACP), Farid Mebarki (président de Presse & Cité), Erwan Ruty (directeur de Ressources Urbaines), Beya Zerguine (présidente du Forum des auto-entrepreneurs)
Pour signer l'appel envoyez un mail ici : developpement@presseetcite.info