Paméla Diop : bref, cette fille est passionnante !

Le 09-05-2012
Par xadmin

Dehors, il fait froid, il pleut mais la présence solaire de Pamela Diop réchauffe les lieux. Son nom ne vous dit peut-être rien mais la jeune femme vient de créer un énorme buzz sur internet avec une parodie très réussie de Bref, la pastille qui cartonne depuis septembre dernier sur Canal+. Intitulé « Bref, je crois que je suis raciste », le film de 6 minutes comptabilise plus de 500 000 vues en quelques semaines avec « zéro moyens » mais une bande d'amis qui a relevé le défi. 

 

La lutte contre le racisme est une priorité pour cette jeune fille de 30 ans, qui a souvent fait ses valises : « Je suis née à Cannes, j’ai grandi à Nice, vécu à Bordeaux, Dakar. Cette mobilité m’a donné une ouverture sur les autres ». 

Dénoncer les préjugés là où on ne les attend pas

Un état d’esprit qu’elle s’est attachée à restituer dans « Bref, je crois que  je suis raciste ». La jeune productrice et son époux Ibrahim Koudié, qui signe la réalisation, ont réuni un casting hétéroclite pour réaliser un petit bijou auto-parodique : l’acteur haïtien Jimmy Jean-Louis (de la série à succès Heroes), la chroniqueuse radio Enora Malagré, le très jeune humoriste Stéphane Bak, Abdel Alaoui, cuisinier et chroniqueur gastronomique sur Canal +, ou encore Fred Royer, journaliste et présentateur des Gérard du cinéma… Un texte écrit à six mains, en une nuit, sur un coin de table dans leur appartement de La Garenne-Colombes (92), et laissant une large place aux qualités d’improvisation de leurs acteurs. Le tout pour un résultat léger qui se moque des préjugés de tous, jeunes des quartiers en premier lieu ! Un projet qui est l’acte fondateur de leur toute nouvelle société de production « + l’infini », tout juste crée avec deux autres comparses.

30 ans, 2 sociétés, 6 salariés

La jeune femme n’en est pas à son coup d’essai. Elle est déjà gérante d’une société d’export-import au Sénégal, qui emploie 6 salariés. « Autour de l’artisanat », glisse-t-elle rapidement avant d’embrayer sur celui qui partage sa vie. Pamela Diop parle de son mari, ancien basketteur, avec plus de facilité que d’elle-même. A l’écouter, rien dans son adolescence ne permettait de déceler un potentiel d’entrepreneuse : « J’étais assez absente, je faisais souvent l’école buissonnière. J’étais quasi-gothique ! » Elle est donc aiguillée vers un BEP comptabilité ; une orientation qui la pique au vif et lui donne le déclic attendu par ses professeurs. Bac STT gestion, puis BTS Compta, travail de nuit dans un internat… 

Le Sénégal, incubateur d’entreprises

« Et puis, un été, j’ai eu deux mois de congés payés. J’ai décidé de partir loin. J’ai hésité entre l’Australie et le Sénégal. Puis j’ai eu envie de découvrir le pays de mon père, je ne connaissais pas l’Afrique », explique la jolie métis, de père sénégalais et de mère française. Partie à 22 ans, pour quelques semaines, elle y restera sept ans. Les premiers temps, elle se la coule douce, « c’était le paradis. Il faisait chaud. On mangeait le poisson tout juste pêché. C’était une sorte de « Friends » à la plage. » Et puis, avec le temps, tout redémarre : « J’avais une vision ancienne de l’Afrique, une Afrique pauvre, malade. Alors que j’y ai rencontré beaucoup plus de riches, même jeunes, qui achètent leur Mercedès à trente mille euros comptant! J’ai pris une claque en arrivant là-bas. J’ai vu Dakar, je n’ai pas compris ! Je suis arrivée dans un pays où tout était faisable, où les gens sont débrouillards. Tu veux faire un café, tu peux! Et sans galère administrative. Il n’y a pas de pétrole ou de cacao, c’est donc un pays d’entrepreneurs, une espèce de mentalité à l’américaine, qui aime beaucoup la nouveauté. Des gens qui voyagent beaucoup, qui vont à Dubaï. Il y a beaucoup d’émulation. Tout va vite. Même s’il y a aussi d’énormes disparités, c’est vrai. » Un Sénégal incubateur de projets qui s’implanteront ensuite en France… bien loin donc des clichés tiers-mondistes !

C’est aussi là que la société de production de la famille Diop – Koudié sera expérimentée et mise à l’essai. Sans stress. Car aujourd’hui encore elle vit de son entreprise d’artisanat sénégalais. « C’est une force, cela me permet de ne pas être dans l’urgence vis-à-vis de notre boite de production et de travailler sur des projets qui nous plaisent vraiment». Reste une ambition : «  Faire que la télé appartienne à tous. Sur les plateaux, ils sont dix, toujours les mêmes, ils parlent du Smic sans jamais en inviter! Aujourd’hui il y a une classe qui fait la télévision et une qui la regarde ! » 

Aujourd’hui, mariée, mère de deux enfants, Pamela cumule ses différentes casquettes avec aisance. Elle s'occupe notamment des relations publiques de la journaliste-chroniqueuse Rokhaya Diallo et d'Awa Ly, une chanteuse française  qui vient de réunir grâce au système de My Major Company les 100 000 euros pour produire son album. Bref, cette fille est plus qu'intéressante!
 

 

Nadia Hathroubi-Safsaf et Erwan Ruty

 

Participez à la réunion de rédaction ! Abonnez-vous pour recevoir nos éditions, participer aux choix des prochains dossiers, commenter, partager,...