Marre d’être Noir ? Jeune ? Musulman ? Le changement, c’est maintenant !

Image d'après la campagen du collectif "Marre d'être..."
Le 06-05-2014
Par Erwan Ruty

Comment changer ? Pour ne plus se faire contrôler, mal voir, discriminer : changer de couleur de peau, de sexe, de religion, d’âge, d’origine ? Ou peut-être, un jour : de Président de la République ?! Le 4 mai, journée internationale du rire, une opération de maquillages était menée avec le soutien d’une trentaine d’assos de quartier, pour tous ceux qui veulent le changement maintenant.

 

Entre des stands de victuailles, un studio radio monté en extéreur et une table de maquillage et de coloriage (pour enfants amateurs de perruques notamment !), les Indivisibles et Stop le contrôle au faciès étaient aux manettes, dans la cour de cet ancien bâtiment d’entreprise devenu squat depuis le 31 décembre 2012 par Jeudi noir. La radio des foyers slalomait entre les mères de famille chargés de mômes et le public, défilant nombreux ce dimanche ensoleillé. L’atmosphère était détendue, caractéristique des nouvelles méthodes de sensibilisation (par le rire) des associations antiracistes nouvelle génération, comme cette dernière intitulée "Arrêtez d'être" !.



Majors vs indés


Un style que revendiquent ces assos réunies en un collectif qui n’a pas encore de nom, mais a pourtant fait le buzz, ce qui est le meilleur moyen d’attirer la curiosité des journalistes (et ça marche !) : « Le Mrap, SOS Racisme et la Licra ? Nous ne les avons pas contactés, reconnaît Sihame Assbague lors de la conférence de presse du 29 avril présentant l’action. En fait, ils ne reconnaissent pas la négrophobie, l’islamophobi… Or il y a des associations comme le CCIF [Collectif Contre l’Islamophobie en France] avec nous. Nous, nous ne faisons pas de distinction dans les victimes de discriminations ». « Il y a les majors, et les labels indés ! Nous, on est les indés ! » surenchérit Amadou Ka, nouveau président des Indivisibles.



« les minorités, électorat pivot de la gauche »


Il faut dire que le point de départ de cet énervement est la nomination de Manuel Valls à Matignon. « Il avait fait 5% lors des primaires du PS » s’étonne encore Amadou Ka ; « François Hollande avait recueilli 80% du vote musulman en 2012, les meilleurs scores lui étaient acquis en banlieue et dans les territoires d’outre-mer, rappelle à son tour Loui-George Tin, alors que l’outre-mer était chiraquienne, avant. L’électorat de ces minorités est pivot : la gauche peut gagner avec elles, sans, elle perd sûrement. ». On pourra cependant objecter que depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, et que Manuel Valls obtient maintenant près de 60% de satisfaction dans les sondages actuels, pourtant en général peu flatteurs avec les pouvoirs actuels… Les associations proposant cette action ont beau assurer « ça fait un moment qu’on n’arrête pas de rire », remercier François Hollande de « nous faire part de sa bonne humeur » et de son humour légendaire, en mettant en parallèle la demande supposée des français (ou du moins des électeurs de gauche) et la réponse de la présidence, ils jugent quand même : « ça devient grotesque ». Les associations présentes fon d’ailleurs remarquer qu’elles-mêmes apprécient dorénavant la carte de l’humour, comme le prouvent les actions féministes de La Barbe ou les Y’a bon awards des Indivisibles.



Pourtant, la réalité n’en reste pas moins parfois très critique, comme le relève Marc Cheb Sun, ancien directeur de Respect mag : « Actuellement, il faut près d’un an pour obtenir le renouvellement des dossiers de reconnaissance d’un handicap. Un an pendant lequel les prestations peuvent être gelées. Comme pour les aides au logement. »



Et les activistes de lâcher en conclusion : « La blague continuera jusqu’en 2017 ! ». En attenant, un rendez-vous est quand même prévu avec le nouveau ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dont nos militants espèrent plus de souplesse. Au même moment, la Fédération des maisons des potes remportait une nouvelle victoire devant le tribunal correctionnel de Nanterre dans son procès contre le bailleur de HLM Logirep, pour « fichage ethnique ».


 

Participez à la réunion de rédaction ! Abonnez-vous pour recevoir nos éditions, participer aux choix des prochains dossiers, commenter, partager,...