
Liste citoyenne en IDF : « On n’est pas là pour aller à la soupe »

« Emergence », une nouvelle liste, citoyenne, a vu le jour en Ile-de-France en vue des élections régionales. Annoncée par un communiqué de presse lundi dernier, cette initiative fédératrice se base sur l’expérience de listes indépendantes créées un peu partout en banlieue parisienne à l’occasion des municipales de 2008.
Bon nombre de ces listes avaient alors obtenu des scores plus que significatifs, à l’image d’ « Ensemble pour Saint-Ouen » (10,3% dans la ville du même nom), de Massy plus juste (9,4 % ), de Fresnes a venir (11,11%)) ou encore du Parti Des Grignois (26.6% à Grigny). Grigny, Omar Dawson, porte parole d’Emergence, y vit et y travaille. « L’idée était de fédérer les forces des listes indépendantes et celles de tous les associatifs qui souhaitent mettre en place une action politique portée par des acteurs de terrain. » explique-t-il.
Parmi les catalyseurs du rassemblement on retrouve Almamy Kanouté, conseiller municipal sous les couleurs de Fresnes à venir ou encore Dawari Horsfall porteur de la liste Massy plus juste. Ce dernier revient sur un des moments fondateurs du rassemblement. « Il y a environ un an et demi, un papier de Luc Bronner dans le Monde sur les listes indépendantes aux municipales m’a permis de repérer les initiatives comparables à la notre. On s’est réunis et en échangeant sur nos expériences, on a trouvé que c’était vraiment bizarre car pour tous ça s’était passé de la même manière, on a eu les mêmes réactions, les mêmes critiques venant de la gauche et de la droite. On a été bluffés, on s’est dit que ce n’était possible avec de telles convergences de ne pas essayer de faire quelque chose ensemble. »
L’idée d’une action commune des militants de quartiers populaires n’est pas nouvelle, des mouvements comme le MIB ou Les Motivés à Toulouse ont essuyé les plâtres dans les années 80 et 90. Mais les velléités de rassemblement à grande échelle sont en général restés des vœux pieux ou alors les initiatives se sont soit retrouvées absorbées par des listes classiques, soit plongées dans une radicalité bloquante pour l’action politique. « On a parlé entre nous des mouvements dans les années 80, qui ont souvent été trop radicaux, qui se sont retrouvés amoindris, surveillés. On pense qu’on va être capables de faire mieux qu’eux. Notre plus value est que lors des municipales on a réussi à aller au suffrage, à créer le débat, à mobiliser, ce qui n’a pas été fait dans les années 80. La plupart d’entre nous sommes déjà très actifs dans le socioculturel, mais les vraies décisions se prennent au niveau politique. Notre particularité est que notre indépendance nous permet de prendre du recul pour distinguer ce qui est bien ou mal pour l’intérêt général, chose dont les partis de la droite ou la gauche sont incapables. Nous on n’en a rien à faire que ce qu’on propose fasse plaisir à l’un ou à l’autre. Souvent les listes indépendantes servent à se faire repérer par un parti. Une de nos différences est que nous nous sommes fédérés sur le principe « pas d’alliance et pas d’appel au vote quoi qu’il arrive ». On n’est pas là pour aller à la soupe. Aujourd’hui nous avons déjà fait 82 réunions et nous disposons de relais dans 153 villes. C’est un boulot monstrueux. »
Une telle ambition à l’échelle francilienne demande en effet une organisation et une mobilisation importantes, mais aussi des moyens, notamment en termes de financement. « Pour le financement on se débrouille pour l’instant, chacun met un peu, explique Dawari. Comme le financement de la campagne doit venir uniquement de personnes physiques et pas d’entreprises, on demande aux particuliers de faire des dons. On est loin du compte pour le moment, mais on est confiants. La dynamique est telle qu’on pense arriver à trouver l’argent qu’il faut. »
La semaine prochaine Emergence annonce sa tête de liste et les personnalités qui soutiennent l’initiative. A suivre donc…
http://www.emergenceidf2010.com
YT