La stèle de la honte - Radio Galère

Le 03-11-2010
Par xadmin

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Lors du conseil municipal du 27 Octobre le nouveau maire depuis 2008, de Marignane, Eric Le Disses successeur de Daniel Simonpieri, d'extrême-droite désormais « assimilé » UMP divers droite (sic) a obtenu un large vote (sur la totalité du conseil comportant 38 membres, quatre se sont abstenus : 3 socialistes et un de la liste Le Disses, et deux ont voté contre : la communiste et la présidente du comité local du MRAP...) sur une délibération lui permettant de signer une nouvelle convention avec l’ADIMAD (Association de Défense des Intérêts Moraux et Matériels des Anciens Détenus et Exilés politiques de l’Algérie française) qui prévoit l'octroi d'une parcelle dans le cimetière de sa ville pour l'érection d'un monument à la mémoire des « morts pour la France, de 45 à 62 »

C'est une forfaiture : dans son discours, E Le Dissès parle bien d'un « rétablissement » de la stèle et ce n'est pas seulement un lapsus, comme lorsque lui échappe, à la mode du jour, le « beau cul » de rapatriés...
En effet, la précédente stèle érigée à la suite d'un accord du Maire de l'époque -je ne sais plus si D.Simonpieri était FN, MNR ou déjà « assimilé » UMP divers droite (sic) -, avec la même association avait fait l'objet de la part du préfet d'un refus de laisser se dérouler une inauguration pour risque de trouble à l'ordre public.

L'ADIMAD avait en effet le projet de rendre hommage à des activistes qui ont tous été jugés et condamnés en leur temps par la justice française. Citons, pour mémoire, Jean-Marie Bastien-Thiry qui a dirigé l’attentat du Petit-Clamart contre le Général de Gaulle, Roger Degueidre, chef des commandos «Delta », qui a organisé l’assassinat des six inspecteurs des centres sociaux réunis autour de Mouloud Feraoun, et, pour terminer, Albert Dovecar et Claude Piegts qui ont participé à l’assassinat du commissaire de police Roger Gavoury.

Tous quatre ont été jugés, condamnés à mort (à une époque où la peine de mort n’avait pas encore été abolie) et exécutés.

Depuis, une décision du tribunal administratif de Marseille, en Juillet 2008 avait conduit au démantèlement du monument quelques mois plus tard. L'action en justice reste en attente d'une décision définitive du conseil d'état...

Le Président de l'ADIMAD, Jean-François Collin a participé, en février 1962 à l’intérieur de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris, à une tentative d’assassinat dirigée contre Yves Le Tac, compagnon de la Libération et frère d’un ministre gaulliste. Dans son communiqué de victoire sur le site du « Clan-r » (?), par un lien interne qui parle de « réhabilitation » ne nie aucunement vouloir revenir, à terme, au projet initial : »Le 1er novembre devant l’emplacement de la Stèle (qui sera remise en place dans quelques dizaines de jours) l’ADIMAD – comme à l’accoutumée – rendra hommage aux « Combattants civils et militaires tombés pour que l’Algérie française demeure française », inscription qui remplacera – provisoirement nous l’espérons – les trois dates des assassinats de nos camarades fusillés. «
(c'est moi qui souligne)

Cette décision a fait l'objet de nouvelles protestations de l'ANPROMEVO*, de l'ANPNPA * et de la Fédération des Bouches du Rhône du MRAP. Ces associations proposeront prochainement une manifestation, sur place (sans doute à l'occasion du prochain conseil municipal) avec toutes les associations qui voudront bien les rejoindre à cette occasion.

En attendant, s'il n'est pas surprenant de voir Simonpieri enfourcher comme toujours la défense des nostalgiques de l'OAS, la complicité de la droite classique et qui jusqu'à présent se voulait gaulliste à une telle parade, montre bien le glissement vers non seulement les thèmes mais aussi les thèses de l'extrême droite. Quant aux socialistes et en particulier, là, leur chef de file, leurs arguments ne sont pas tellement surprenants : ils se placent en bout de course, dans la foulée de la gestion de la guerre d'Algérie par Guy Mollet et consorts dont Mitterrand, qui contre les « activistes » du FLN a fait passer près de 40 ordres d'exécution et refusé 80% des grâces alors qu'il était ministre de la Justice...(cf le dernier ouvrage de Benjamin Stora)

Etienne BASTIDE, le 1er Novembre 2010

*L’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO) a statutairement pour objet de lutter contre toute forme de révisionnisme concernant les faits imputables à cette organisation terroriste. L’Association nationale des pieds noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA), pour sa part, rassemble ces pieds noirs qui ont affirmé le droit du peuple algérien à la libre autodétermination que le discours du général de Gaulle venait enfin de reconnaitre et à l’exercice duquel les factieux des barricades ont tenté de s’opposer.
 

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