Journée de la Femme : lutter contre les violences au-delà des frontières

Le 05-03-2010
Par xadmin

C’est tous les jours la journée des femmes pour les militant-e-s de l’association Voix de Femmes, basée à Cergy, qui lutte contre le mariage forcé depuis 1998. Le mois de février dernier a été particulièrement marquant pour leur cause. Jeudi 25 février dernier, les députés français ont  adopté en première lecture, la proposition de loi « renforçant la protection des victimes, la prévention et la répression des violences faites aux femmes ».
Christine-Sarah JAMA, directrice de l’association, se félicite de cette évolution qui, en cette année 2010, placée sous la signe de lutte contre la violence faite aux femmes par le premier ministre, situe la France parmis les pays européens les plus protecteurs en la matière. Sa structure y a d’ailleurs contribué par un lobbying actif auprès des députés.
Un seul regret : pour elle, les nouvelles mesures, notamment la création de « circonstances aggravantes pour contrainte au mariage, aux infractions de violences, actes de tortures et de barbarie et meurtre », « visent essentiellement à réprimer le mariage forcé en amont. »
En effet, le nouveau code de procédure pénale, pour punir les auteurs de ces crimes, exige une des trois conditions suivantes : que la victime ou l’auteur présumé soit de nationalité française ou encore que l’infraction ait été commise sur le territoire français. Hors nombreux de ces crimes seraient commandités à partir de la France sur des femmes étrangères qui y « vivent habituellement », mais commis à l’étranger.
Pour Voix de femmes il est urgent de prévoir une dérogation à l’instar de ce qui existe déjà pour l’excision, pour l’assassinat- « appelé crime d’honneur dans ce contexte »- ainsi que tous autres délits et crimes perpétrés à l’étranger, en amont et en aval du mariage forcé : l’enlèvement et la séquestration, l’avortement forcé et le viol. Pour la directrice « cela sera une preuve que l’Etat français prend ses responsabilités à l’égard de la protection des femmes quelque soit leur nationalité. ». Cela prendrait le contre-pied du « relativisme culturel » dont font bien trop souvent preuve les tribunaux des pays européens sur cette question.
Christine-Sarah JAMA regrette que sa structure, la seule à militer exclusivement sur ces questions, n’ait pas été auditionnée pendant la préparation de la loi : « En France les associations féministes de quartier ne sont pas vraiment reconnues explique-t-elle. En 2005, On nous avait déjà dit, lorsqu’il avait été question d’un projet de loi sur le mariage forcé que  "les arabes sont déjà représentés par Ni putes ni Soumises ». A défaut elle interviendra au Colloque sur les crimes dits d’honneur et les mariages forcés le 8 mars au Palais du Luxembourg.

http://www.association-voixdefemmes.fr

Ci-dessous un texte sur le mariage forcé et les crimes dits d’honneur réalisé pour Voix de Femmes par le slammeur Hocine Ben :

Ne te retourne pas

La dernière fois qu’on l’a vue,
elle se tenait droite derrière sa fenêtre.

Elle est pourtant loin d’imaginer.
Que l’été qui commence à peine,
durera pour elle une éternité…

Même si les youyous retentissent,
c’est l’Amour qu’on assassine !

Ce n’est pas toi qui as fauté.

Avec le temps c’est ta vie qui s’en va,
il n’y a pas de fatalité,
il n’y a pas de mauvais sort,

Une fois le délai prescrit,
le monde s’en lavera les mains…
Ta tombe, ne portera pas de nom.

Pour les autres un battement d’aile,
pour toi l’été durera.

Héritières de demain, amazones du bitume,
l’honneur n’est rien qu’un alibi assassin.

Y’a des vies comme ça qui passent, aussi vite que la lumière…
Des vides comme ça, rien ne les remplace, ni les lois, ni les prières…

Si le destin te prend à revers,
Non, ne te retourne pas…
Ne te retourne pas.


Téléchargez le programme du colloque du 8 mars au Sénat :
 

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