« Il paraît qu’eux »…les préjugés sont partagés

Le 18-03-2011
Par xadmin

Message pédagogique et qualité artistique sont rarement associés avec succès dans la production audiovisuelle. C’est pourtant ce qu’ont entrepris l’association Ya Foueï, et l’auteur-réalisateur Greg Ruggieri avec des habitants d’Athis Mons. Leur projet « il parait qu’eux » s’attaque aux différents préjugés à travers 16 court-métrages, des interviews de personnalités et un fascicule. Le tout teinté de nuances et d’une bonne dose d’humour noir.

L’association Ya Foueï est coutumière de l’« artivisme » : elle développe depuis des années « des initiatives formatrices et socialisantes par le biais d’actions artistiques et culturelles » sur la ville d’Athis Mons. Le réalisateur Greg Ruggeri originaire de la ville voisine de Juvisy-sur-Orge a entièrement écrit et réalisé les 16 court-métrages. « On est sensibles à l’image dans la presse de tout ce qui tourne autour de la banlieue explique-t-il. On veut casser les stéréotypes en créant un projet positif et fédérant. En banlieue il y a des idées, des envies ».
 

Loin de se cantonner au racisme et à la « discrimination territoriale » qui touche les quartiers populaires, le projet aborde tous les types de préjugés : liés au sexe, à l’âge, au poids, au handicap. Les films sont d’ailleurs sous-titrés en français pour les malentendants. « Les court-métrages parlent de toutes les formes de discrimination en attaquant toutes les formes de préjugés. Il faut distinguer le racisme qui relève de l’idéologie, les préjugés qui sont plutôt psychologiques et les discriminations qui impliquent une position de pouvoir. On peut être raciste et ne pas discriminer ou discriminer sans être raciste (…) Aux gens qui me disent je n’ai pas de préjugés, je réponds « si t’habites sur cette terre t’as des préjugés ». Tout le monde a des préjugés, même les gens qui se sentent discriminés, qui critiquent la presse, reprennent des préjugés qu’elle véhicule sur d’autres groupes.(…) Il n’y a pas que les banlieues qui sont défavorisées, mais aussi certaines régions de province où il y a moins de bus qu’en Seine-Saint-denis par exemple. On ne veut pas faire de misérabilisme vis-à-vis des quartiers, les choses peuvent être dures pour tout le monde. Il faut se battre, ne pas baisser les bras ».
 

Bien que Greg soit seul à la réalisation, il a tenu à travailler à la fois avec des comédiens professionnels et des habitants d’Athis-Mons. « Il y a eu un mélange de comédiens professionnels et d’amateurs de tous les âges. Les interviews de personnalités impliquées dans ces problématiques pour le magazine (Jean-François Amadieu, directeur de l’observatoire des discriminations, François Durpaire, historien, Christophe Nick, journaliste, Rachid Djaidani, écrivain…) ont été réalisées a 100% par des jeunes préparés aux techniques d’interview pour avoir un regard neuf. »
 

Parmi les court-métrages deux concernent plus particulièrement les préjugés à l’égard des quartiers populaires véhiculés par la presse ( « La banlieue c’est chaud ») et la fiction (« Le cinéma, ça parle de la vraie vie… »). Pourtant, selon le réalisateur, les films n’ont aucune raison d’être « mal pris » dans ces milieux respectifs. « J’ai fait attention à la manière dont je traite les sujets, après les journalistes qui l’ont vu se sont marrés…ou pas. J’ai exprès pris l’exemple d’une rédaction d’un journal d’un niveau « sous la terre ». Je pense que 99% des journalistes sont de bonne foi. Mais il y en a sans doute qui ne fréquentent jamais de blacks ou de rebeus. Après, comme dit Molière « qui se sent morveux se mouche », mais ça me ferait mal au cœur que les gens se ferment. Ce qui me plait avec l’humour noir, c’est qu’en exagérant légèrement on touche à ce qui est vrai. Je compte sur le fait que les gens prennent du recul. C’est le principe du travail humoristique. Ca a été difficile à la fois de faire marrer les jeunes des quartiers tout en touchant également ceux qui n’en viennent pas. C’est difficile d’être entre deux mondes».

A côté d’un humour noir parfois poussé à bout, à l’exemple des ces zombies qui ne veulent pas manger un homme parce qu’il est noir, le réalisateur s’est efforcé d’apporter des informations véridiques allant à l’encontre des préjugés. Exemple : l’évocation du cas de Liu Xiaobo prix Nobel de littérature, habitant la banlieue parisienne.
Un DVD constitué des courts métrages et des interviews mis bout-à-bout devrait être prochainement disponible, à la commande, sur le site du projet. En attendant, le film tourne dans les collèges, les lycées ou les MJC et est actuellement en projection dans plusieurs festivals en France et en Belgique, à chaque fois suivi d’un débat sur la question : « ce qu’on veut c’est nourrir la réflexion, ouvrir le débat ».

YT

http://ilparaitqueux.edoo.fr

Visionner le film « Le cinéma ça parle de la vraie vie... » avec Greg Ruggeri dans le rôle du réalisateur :

 


Il parait qu'eux ... "LE CINEMA CA PARLE DE LA... par Yafouei

 

Un projet soutenu par le Conseil Général de l'Essonne, la ville d'Athis-Mons, la fondation RATP et l'ACSE

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