
Essonne : Le PDG s’incruste dans le paysage politique

Le parti des gens ou PDG prend sa source à Grigny dans l’Essonne en 2007. Très vite, cette liste citoyenne prend de l’ampleur et dépasse l’échelle communale. Sainte-Geneviève-des-Bois, Massy et plus récemment Morsang-sur-Orge rejoignent le mouvement.
Un souffle nouveau. C’est ce que voulait incarner Khouider Oukbi, à travers le Parti des Grignois (PDG) dans l’Essonne. Vice-président de la communauté d’agglomération des Lacs de l’Essonne (Cale) et élu municipal dans le parti d’opposition à la mairie de Grigny, il est le précurseur d’une mouvance locale forte.
Tout commence en 2007 alors que la ville est au bord du gouffre. Dirigée par des communistes depuis plus de 20 ans, Grigny est une des villes les plus pauvres de France. « C’est parti d’un raz le bol général. Les Français sont les champions des manifs mais quand il s’agit d’agir personne n’est là », commente Khouider Oukbi, 33 ans et par ailleurs ingénieur en informatique. Il passe à l’action en créant le Parti des Grignois quelques semaines avant les municipales de 2008. Avec lui des citoyens de tous horizons. « Les meilleurs experts du quotidien sont les habitants. Ils vivent au cœur des préoccupations et peuvent apporter leurs compétences sur différents sujets. » Résultat ? Le PDG enregistre 20 % au premier tour puis 26 % au second. Surprise générale. Claude Vasquez, en poste depuis 1989 est réélu de justesse avec 51% des voix. « On n’était pas là uniquement pour dénoncer les problèmes mais pour apporter des solutions politiques. On a montré qu’on était aussi bons que les autres », lâche Omar Dawson, membre de l’association Grigny-wood et proche du PDG. De là, la dynamique s’enclenche.
L’exemple grignois
En 2010, Yassin Lamaoui, un jeune génovéfain fait appel à Omar et Khouider pour créer le même type de liste citoyenne à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne). Ils la forment à travers leur expérience sur le terrain. C’est là qu’il crée le Parti des Génovéfains, un nouveau PDG. Il se présente aux cantonales 2011 et obtient un score de 8,2 %, record pour une liste indépendante. « Avant cela, il n’y avait personne dans les quartiers pour agir. Les états-majors sont déconnectés de la réalité et continuent de parler à notre place. Il fallait aller aux responsabilités avec de nouveaux visages », explique Yassin Lamaoui. Petit à petit, le PDG des deux villes s’installe dans le paysage politique local au grand dam des partis traditionnels.
L’année 2014 marque un tournant. L’UDI soutient publiquement le Parti des Grignois aux municipales. Denis Payre, ex-entrepreneur et président de « Nous citoyens », décide aussi de soutenir l’initiative locale. Ce nouveau mouvement politique national et non partisan n’avait pas encore de candidat à présenter. « PDG redonne la parole à la société civile, explique Thomas Houdaille, vice président du mouvement. C’est exactement l’image que veut montrer Nous citoyens ». Le député de l’Essonne, Malek Boutih (PS) comptait également soutenir le PDG avant que n’émerge la candidature de Sidi Bendiab, un encarté socialiste.
Du côté de Sainte-Geneviève-des-Bois, le PDG exerce une alliance avec l’UDI et l’UMP pour créer une liste commune sous le nom de Sainte Geneviève pour tous. « La représentation du PDG n’est pas liée aux origines ni à une religion quelconque. Elle se fonde sur un discours républicain. Leurs membres ne reconnaissent la politique que par l’action », défend Jean Pouch, 43 ans, tête de liste.
Même si les PDG de Grigny et de Sainte Geneviève ne percent pas aux municipales 2014, en faisant respectivement 13% et 25%, certains membres sont élus dans l’opposition. « On n’a certes pas de pouvoir exécutif mais on est là pour mettre des alertes et communiquer sur les décisions de la ville. On est en contact permanent avec les gens. D’autres élus sont dans leur tour d’ivoire une fois les élections terminées. Pas nous », raconte Khouider Oukbi. Au sujet du PDG, la mairie de Grigny n’a pas souhaité s’exprimer au vu des tensions qui règnent entre les partis.
Une chaine locale
Très actifs sur les réseaux sociaux, ces jeunes élus se disent très en avance. « Les partis actuels sont friands des gens comme nous. Déconnectés, ils ont besoin de se raccrocher au wagon de la réalité », note Yassin. Aux dernières élections, les habitants de Bobigny, Pantin ou encore le Blanc Mesnil (Seine-Saint-Denis) ont fait appel au PDG pour se lancer. « Le principe, c’est que dans chaque quartier, il y ait des gens comme nous pour apporter une nouvelle force à la politique », conclut Khouider Oukbi.