
Entretien avec Cécile Duflot

Entretien avec Cécile Duflot, urbaniste de profession, conseillère régionale d’île de France et secrétaire nationale des Verts.
Qui vote pour les Verts en banlieue?
Contrairement aux idées reçues, les écologistes ont toujours été présents en banlieue. Ce n'est pas un hasard si les premières grandes villes écologistes furent Bègles, Montreuil ou L'Île-Saint-Denis. Dans ces villes, nous avons toujours eu des militants très actifs, impliqués dans différents réseaux de l'éducation populaire et de l'économie sociale et solidaire.
Est-ce que les têtes de listes sont représentatives des habitants des quartiers populaires?
L'objectif n'est pas d'avoir seulement des têtes de listes représentatives. C'est bien l'ensemble des listes qui doit être représentative de l'ensemble de la population. En matière de diversité, les écologistes n'ont pas de leçon à recevoir, que ce soit au Parlement français, au Parlement européen ou au Conseil régional d'Ile de France.
Cette diversité quelle qu'elle soit (sociale, générationnelle, d'expériences,etc.) est une grande richesse. Je suis fière d'être présidente d'un groupe de 51 élus et élues, aux parcours et aux profils si divers.
Quelles conséquences la crise économique a-t-elle eu sur le vote écolo en banlieue?
Cette crise économique n'est pas une simple crise financière, c'est une crise de modèle de société. Face à cela, les réponses sont multiples, et les réactions de l'électorat très diverses. On nous a souvent affirmé que la crise économique de 2008 allait voir s'effondrer le score des écologistes. C'est le contraire qui s'est produit. Aux dernières élections régionales, le score des écologistes a ainsi atteint15% en Seine-Saint-Denis. Les écologistes doivent constituer la réponse offensive à Marine Le Pen. Notre but n'est pas seulement de la combattre mais bien de la battre, sur le terrain, sur les idées et dans les urnes.
Quelles valeurs écolos peuvent correspondre à des préoccupations des habitants de quartiers populaires?
La vision écologiste c'est de s'intéresser d'abord à l'humain, à son environnement (y compris social), plutôt qu'à sa production ou à sa consommation. D'où l'importance pour nous du bien-être ou de la justice sociale.
Plus que les autres, les quartiers populaires souffrent d'un environnement dégradé, de la casse des services publics, de l'accroissement des inégalités. Les passoires énergétiques, dont les habitants se prennent de plein fouet la crise pétrolière, se retrouvent d'abord dans les quartiers populaires. L'absence d’une politique de l'emploi ambitieuse se fait ressentir d'abord dans les quartiers populaires. La politique du tout voiture et l'absence d'investissement dans les transports en commun, c'est encore dans les banlieues qu'on l'a ressent.
Quels échos rencontrent les thématiques écolos dans les quartiers ? Ne sont-elles pas reçues comme des préoccupations de riches ?
Améliorer les transports en commun, développer l'emploi, lutter contre les inégalités, lutter contre le mal-logement, ne me semblent pas être des préoccupations de riche. Dans les quartiers populaires, le premier parti reste l'abstention. A nous de mobiliser et de revivifier le débat démocratique.
Propos recueillis par Meriem Laribi.