Danielle Obono (Front de gauche) : « Pour un processus de révolution citoyenne »

Le 01-03-2012
Par xadmin

3 questions à Danielle Obono, représentante du Front de gauche

Vous proposez, dans le cadre de la lutte contre les discriminations, deux mesures : la création d’un ministère de l’Egalité et l’embauche de proximité. En quoi consistent-elles et comment les appliquer ? 

Notre idée c’est que l’on puisse présenter un bilan annuel, devant le Parlement, des discriminations en France. Pour le ministère de l’égalité, l’idée est de faire l’articulation entre tous les ministères qui sont liés aux questions de l’égalité : le logement, l’emploi, l’éducation. Et de présenter un bilan annuel à la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité) que nous proposons de rétablir afin de mesurer l’état et les avancées en matière de discrimination en France. 

Justement, comment mesurer les discriminations ? Avec des statistiques ethniques ?

C’est une question qui a été instrumentalisée alors qu’il faut avoir un débat serein sur le sujet. Pas tant sur les statistiques ethniques parce des études démographiques par exemple permettent de le faire, mais ce qui est important c’est de mesurer les discriminations et les avancées de l’égalité en France. Nous devons avoir des outils de mesure pour permettre justement au ministère de l’égalité de lutter efficacement contre toutes les formes de discrimination. 

Et concernant l’embauche de proximité ? 

Nous partons du constat que les collectivités locales, l’Etat, sont les principaux investisseurs, en particulier dans les quartiers populaires. Il faut que dans leurs appels d’offres, ils ajoutent une clause d’obligation d’embauche de proximité. Pareil, quand une entreprise s’installe dans ces quartiers, il faut lui imposer un taux d’embauche de proximité, et en CDI, pour mettre fin à la précarité qui touche les habitants des quartiers. Notamment les jeunes. Il faut encadrer la sous-traitance. Parallèlement à cela, l’Etat, les collectivités locales, doivent soutenir les petites et moyennes entreprises, notamment à l’échelle locale, par des aides au crédit entre autres. Accompagner les entreprises de l’économie solidaire et sociale qui sont actives dans les quartiers. Il faut également une loi de préemption pour qu’elles ne soient pas mises en concurrence avec les grands groupes.

Si Jean-Luc Mélenchon n’est pas élu à la présidentielle, comment allez-vous porter ces mesures ? Allez-vous présenter des candidats aux législatives ? 

La séquence électorale ne s’arrête pas à la présidentielle. Il y a effectivement les législatives. Nous allons, avec nos candidats (plus de 500), porter notre programme et le défendre partout où nous serons élus. En espérant que le prochain gouvernement soit issu d’une majorité de gauche, nous nous battrons au parlement pour que ces mesures soient mises en œuvre et pour toutes celles qui vont dans ce sens. Indépendamment de la question électorale, ce que l’on défend c’est un processus de révolution citoyenne, notamment au niveau des villes, des quartiers. Il faut défendre nos élus, mais aussi les militants, les associations, les syndicalistes, pour qu’ils puissent prendre part à la vie locale, à travers le refinancement des associations qui ont particulièrement été asséchées, et qui sont sur des rapports de dépendance. Il faut leur apporter un nouveau statut pour garantir leur autonomie et lutter contre le clientélisme. 

D’un point de vue plus personnel, qu’est ce qui dans votre histoire, votre parcours, vous a amené à réfléchir sur les questions qui touchent aux quartiers populaires ? 

Ce n’est pas le résultat d’un cheminement personnel mais plutôt politique. Je suis née au Gabon. J’ai récemment été naturalisée. J’avais un intérêt personnel jusqu’à il y a peine un an au droit de vote des étrangers. Je suis arrivée à la politique par le mouvement altermondialiste. J’étais sensible à la question de l’égalité. Quand on est noire, jeune, femme, on a moins de chance d’arriver à un poste à responsabilité. C’est plus un engagement politique qui m’a amené à prendre position, en particulier dans les quartiers, et la réalité politique.


Propos recueillis par Dounia Ben Mohamed

 

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