Censure politique à la CNHI ?

Le 18-05-2011
Par xadmin

La démission en 2007 de huit historiens de la Cité Nationale de l’histoire de l’immigration pour protester contre l’instauration du ministère « de l’identité nationale » avait déjà fait de la CNHI un lieu d’affrontement politique. Aujourd’hui l’historienne Esther Benbassa se retire d’un projet collaboratif avec l’institution pour dénoncer la censure d’une publication par son directeur.

C’est dans la revue de référence Hommes et migrations hébergée par la CNHI que devait paraître un dossier sur « la France postcoloniale », dirigé par Esther Benbassa, débouchant sur deux journées de manifestations culturelles les 20 et 21 mai.

L’historienne argue qu’au dernier moment le directeur de la Cité aurait refusé la publication d’un des articles du dossier intitulé "La brèche. Vers la racialisation postcoloniale des discours publics ?" rédigé par Nicola Bancel, professeur à l'Université de Strasbourg et membre de l’ACHAC (Association pour la connaissance de l’Histoire de l’Afrique contemporaine).

En conséquence de quoi l’historienne a promis de publier ledit dossier « ailleurs » et de « bouder » la manifestation prévue.

Cet événement laisse à penser que la tendance de ces dernières années d’une intervention accrue du politique dans les décisions prises par les institutions toucherait à présent le champ relativement « protégé » de la recherche. Dans la lettre d’Esther Benbassa à la rédaction de la revue, motivant son retrait du projet, on peut d’ailleurs lire « Je ne puis en aucune façon cautionner de telles pratiques, où paraissent se combiner mauvaise foi, amateurisme et claire volonté de censure politique (…) En une trentaine d'années d'activités scientifiques, je ne me suis encore jamais heurtée à de telles manoeuvres, ni à pareil manque de professionnalisme. »

Y.T.
 

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