Avec l’Ina, Presse & Cité ne ratera pas la Marche !

Université des banlieues et de la communication 3
Le 12-11-2013
Par Erwan Ruty

La Marche a 30 ans. Jusqu’ici, les instituions françaises ont été très discrètes sur cet événement fondateur, comme s’il ne faisait pas encore vraiment parti du roman national. Et laissant, encore plus qu’en 1983, les associations de quartier faire leurs propres commémorations… bien souvent amères. La gauche, après les impasses des années 80, va-t-elle donc encore rater la marche ? P&C dit non !

 

Jamel Debbouze dans un récent entretien au journal Le Monde, faisait remarquer : « il faut dire aux gens qu'on fait partie de l'album de famille ». En d'autres termes, et comme le proclame l'un de nos confrères de Med'in Marseille, Ahmed Nadjar, ce n'est pas de ministère de l'Intégration dont nous avons besoin, mais bien de ministère de l'Acceptation. La tiédeur des soutiens institutionnels à Christiane Taubira dans les récentes insultes racistes dont elle a fait l'objet en témoignent amplement. L'absence complète de travail de mémoire à caractère national, au sujet des 30 ans de la Marche pour l’Egalité, de la part des pouvoirs publics, et en particulier le refus catégorique du ministère de la Culture de prendre en compte cette histoire, laissent rêveur sur le décalage abyssal entre l'establishment culturel français et les cultures populaires partagées par l'immense majorité de ce pays. Surtout quand on voit la publicité faite au sujet d’expositions comme « Europunk », à la Cité de la musique de La Villette, temple de la périphérie et pendant de longues années, temple du hip-hop (« Rencontres urbaines de la Villette »).

 

Toumi Djaïdja ne signe pas de chèque en blanc au gouvernement

Un déni tel que Toumi Djaïdja, initiateur de la Marche pour l’Egalité qui revient sur le devant de la scène après un long silence, décide de refuser l'invitation du ministre de la Ville actuel de commémorer la Marche et l'installation d'une stèle à Venissieux, et se fend même d'un communiqué, suprême affront ! pour s'en expliquer : « Je me vois dans l’obligation de sortir de ma réserve. Pendant 30 ans j'ai nourri l'espoir que l'égalité soit le chantier permanent de la République, celle à laquelle nous aspirons tous. Mais aujourd’hui force est de constater, malgré des avancées certaines, que l'inégalité frappe toujours (…) Je ne peux cautionner l'inaction politique en signant un chèque en blanc au gouvernement ».

 

Le ministère de la Culture a oublié les cultures urbaines nées dans les années 80

On ne doutera pas que le ministre de la Ville ait tout tenté pour éveiller la curiosité de certains de ses homologues à la question des banlieues, comme naguère Fadela Amara, vainement comme en témoigne sa collègue de la Culture, qui ne semble pas avoir daigné lui répondre favorablement, puisque aucune convention digne de ce nom n’a pu pour l’instant être signée entre les deux ministères pour que le fameux « droit commun » s’applique aussi en banlieue.

 

Presse & Cité 2013 : une campagne de communication pour faire revivre la Marche

On le voit, la longue marche des quartiers n’est pas finie. Néanmoins, quelques uns marchent encore, comme Presse & Cité ; comme en témoigne la série de partenariats que nous avons réalisé en attendant la sortie de notre prochain Journal Officiel des Banlieues n°5, dédié aux 30 ans de la Marche : partenariat avec l’Ina (Institut national de l'audiovisuel), Les Marchés Citoyens, Génériques et le CFPJ, pour réaliser une campagne de communication à destination des associations et des médias qui veulent vulgariser cette page de l’histoire de France.

 

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