The amazing Maze / L’étonnant Maze

Le 07-12-2012
Par Erwan Ruty

Maze Jackson, community manager et ancien responsable de la communication de Jay-Z, conseiller de la municipalité de Chicago, participait à la deuxième université de Presse & Cité. Il y a exposé l’usage des réseaux sociaux dans la mobilisation des communautés, aux USA. Etonnant.

 
Le métier de communiquant, aux Etats-Unis, consiste de plus en plus, selon notre invité, au façonnage d’un récit, d’une histoire, à l’usage des médias. « Shapping story », ou « story telling » dit-on aujourd’hui dans la com’. Mais pas seulement : avec l’émergence des réseaux sociaux, cela va plus loin : avec Facebook, Twitter et autres Linked In, vous pouvez aussi diffuser votre récit sans passer par les médias, canaux de diffusion traditionnels : « Il y avait deux outils, l’Internet pour envoyer des informations à des gens, et les sites web pour qu’ils viennent chercher l’information chez vous. Maintenant, il y a les réseaux sociaux pour partager des informations en même temps avec toute une communauté, qui est comme une bulle qui peut réagir, envoyer un feedback à tout le monde ». 
 
Les réseaux sociaux vous permettent de partager vos messages, de manière indépendante.

Une histoire de chiots ?

Cependant, reste un préalable inchangé : il faut toujours élaborer une communauté : « Les gens sont désintéressés par l’engagement. Pour les toucher, il faut donc se demander quel est leur intérêt personnel ? Qu’est-ce qui les intéresse ? Quel que soit l’enjeu, il faut utiliser cet intérêt pour les attirer sur les réseaux sociaux. Dans l’Illinois, quand un de nos adversaires a émis l’idée de gazer les chiens errants, nous avons lancé une page Facebook « Sauver les chiots ». Pourquoi ? Parce qu’il y a plus de propriétaires de chiens que de parents ! Très rapidement, nous avons eu 100 000 « amis » sur notre page ! Cela nous a permis de prendre contact avec de futurs bénévoles, cela nous a offert un réseau, que nous pouvons mobiliser dans un second temps. Les réseaux sociaux vous permettent de partager vos messages, de manière indépendante. »
 
ces réseaux sont seulement des outils parmi d’autres dans un boîte à outils. Ils ne remplacent pas la mobilisation réelle.

Constituer les communautés d’intérêt

Reste qu’une partie de l’auditoire de Maze Jackson se pose encore des questions : comment mobiliser réellement, dans la rue, au-delà des seuls réseaux sociaux, virtuels ? Quel est l’impact réel de ces outils sur la mobilisation lors d’une campagne, comparé à d’autres pratiques plus traditionnelles ? Comment concilier les intérêts particuliers d’une communauté mobilisée par ces nouveaux réseaux sur des thématiques spécifiques, et ceux de l’intérêt général ? Peu de réponses concrètes. Certes, « ces réseaux sont seulement des outils parmi d’autres dans un boîte à outils. Ils ne remplacent pas la mobilisation réelle. » Les intérêts particuliers (« self-interest ») et leur mise en forme, leur mise à l’agenda, ne sont qu’un moyen d’approcher les gens au premier abord. C’est l’étape du « community building » : certaines communautés existent déjà (communautés religieuses, sportives, éducatives…) ; mais d’autres sont à constituer : « A vous de trouver l’intérêt commun à défendre à travers les réseaux sociaux ! » clame l’invité américain. Enfin et surtout, l’idée que notre community organizer s’efforce de nous communiquer consiste à prendre conscience que « beaucoup d’informations viennent maintenant des gens qui ont un I-Phone, et pas des médias eux-mêmes. Et, surtout chez ceux qui ont 18 ans et moins, les gens écoutent les infos depuis leur I-Phone : cela  vous permet à vous, activistes, d’identifier des leaders, de diffuser votre propre histoire, sans beaucoup de moyens ! Cela vous permet d’envoyer des messages toutes les semaines ! »
 
E. R.
 
 

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